ÂMES ÉTRANGES
Deux ans après un premier disque profondément marqué par les silences de la dépression, STANZA revient avec un album qui s’attache à un thème tout aussi intime mais traversé d’une énergie nouvelle : la résilience. Âmes Étranges se déploie comme un cheminement intérieur, une traversée des ombres vers un horizon plus lumineux, sans jamais céder à la facilité de l’optimisme forcé.
Les textes ne s’abandonnent pas au pathos, ils disent les failles sans les travestir. Les images restent concrètes (un pas, un sang, un sort, une question adressée) mais elles portent une charge symbolique forte. Chaque chanson incarne une étape, et l’ensemble dessine une dramaturgie intime. Avec Âmes Étranges, STANZA réussit à parler de blessures et de reconstruction sans s’enfermer dans le témoignage personnel. L’album touche par son équilibre : intensité émotionnelle, clarté des arrangements, justesse des images.
C’est une œuvre qui se lit comme un récit poétique de la résilience, un disque qui accompagne sans moraliser, qui console sans illusionner. Bref, un album qui parle à tous ceux qui cherchent à tenir debout malgré les tempêtes.
ÂMES ÉTRANGES – ALBUM 7 TITRES – 18 MAI 2013 – ERAGON PRODUCTIONS
Line up : Jérémy Dewinter (chant, guitare, percussions), Low (batterie), Jona (clavier), Christian Delabre (basse), [sur scène] : Alexandre Devaux (basse)
Enregistrement, mixage, mastering : Guillaume Leterrier
Photos : Antoine Devoldre, David Coppieters
Management : Anne Gauthier
CHANSONS
ON-OFF
Dès l’ouverture, l’album plonge l’auditeur dans le tumulte des décisions intérieures. La voix chante la difficulté de basculer, de passer de l’inertie à l’élan. Le refrain répété comme une obsession devient l’écho des ruminations, mais aussi le signal d’une mise en marche. L’entêtement mélodique agit presque comme une métaphore de la psyché : on tourne en boucle, mais chaque boucle rapproche d’un sursaut.
À DEUX PAS
Vient ensuite la mélancolie suspendue d’une marche hésitante. Le piano se fait confident, dépositaire des silences, et porte un texte où il est question d’avancer sans oser vraiment. Tout est là : la proximité d’un renouveau, à portée de main, mais aussi la peur de s’y risquer. Dans cette tension, la chanson déploie sa force : montrer que la résilience n’est pas une ligne droite mais un pas incertain. La mélancolie s’exprime ici sans pathos, dans une simplicité désarmante : avancer ne tient parfois qu’à un souffle.
D’ÂME ÉTRANGE
Avec « D’âme étrange », l’album prend une direction plus déroutante. Le rythme s’allège, presque funky, mais le texte creuse une faille essentielle : « la proximité rend flou ». Plus on croit connaître l’autre, plus ses contours s’effacent. La chanson met à nu cette contradiction : l’intimité ne révèle pas forcément, elle brouille parfois. L’étrangeté se niche dans ce qu’on croyait familier. Le morceau dit la fragilité du lien, l’impossibilité d’une transparence totale entre deux êtres. Sa légèreté musicale agit comme un masque ironique posé sur un constat vertigineux.
TON SORT
La suite prend des accents plus directs, presque martiaux. Les mots rappellent que chacun doit décider de son sort : se laisser sombrer ou prendre parti pour la vie. Ici, le texte se fait exhortation, il porte une énergie combative que la guitare renforce sans excès. La résilience apparaît alors comme une responsabilité autant qu’un espoir : un choix, parfois difficile, mais nécessaire.
DIS-MOI
Puis l’album s’éclaire. Une guitare acoustique rare vient soutenir un texte d’une vulnérabilité désarmante : la demande de reconnaissance, l’envie de savoir quelle place on occupe dans le cœur de l’autre. Cette chanson, plus lumineuse, plus immédiate, ouvre une brèche : la reconstruction ne se fait pas seul. On guette dans la réponse de l’autre la confirmation de son existence. La résilience passe aussi par l’écho que l’on trouve dans le regard des gens aimés.
CEUX QUI RÉSISTENT EN NOUS
La voix se fait ensuite collective. On y entend l’évocation de ceux qui nous précèdent, qui résistent encore en nous. Les claviers donnent une ampleur presque spirituelle au texte : résister, ce n’est pas seulement un effort individuel, c’est s’ancrer dans une mémoire vivante.
MÊME SANG
Enfin, l’album s’ancre dans une gravité charnelle. Le texte rappelle ce qui nous relie au-delà des différences : un même sang, une même pulsation. Le blues électrique, traversé par un solo de basse tendu, incarne cette unité viscérale. Après l’introspection et le combat, l’album se clôt par une affirmation d’appartenance : la résilience n’est pas seulement individuelle, elle est fraternelle.
MATINS DE BLUES (DÉMO)
Destinée à figurer sur Matins…, album jamais sorti, cette chanson raconte le moment précis où le mal-être s’impose dès le réveil. Les matins deviennent synonymes de blues, d’une lassitude immédiate. Le texte ne cherche pas à sublimer ce ressenti : il exprime directement l’aversion, le rejet, et montre à quel point la douleur devient routine.
SAISON MORTE (DÉMO)
Écrite après Silences, Saison Morte ouvre une nouvelle ère : celle du second disque, Âmes Étranges. Ici, le texte parle du doute quant à la survie même de STANZA, après le départ de plusieurs membres. Les images de désert, de rivière asséchée, de feuilles mortes disent la fatigue et l’incertitude. Cette chanson aborde une crise d’identité collective : la fin possible d’une aventure artistique. « Silences… et dors »