UNDA
Avec Unda, son troisième album, Stanza poursuit une mue déjà amorcée : après avoir exploré la dépression (Silences) puis la résilience (Âmes Étranges), le duo créatif ouvre cette nouvelle étape sous le signe des ondes positives. Mais plutôt qu’un virage brutal, c’est une alchimie subtile qui s’opère : l’électro de Jona s’imbrique dans les guitares et l’écriture de Jérémy, jusqu’à brouiller la frontière entre machines et instruments organiques. Résultat : une pop française plus ample, texturée, qui célèbre la lumière sans oublier ses ombres.
Unda est un album d’équilibre : entre lumière et ombre, entre organique et électronique, entre deux plumes qui s’échangent et se complètent. Là où Silences et Âmes Étranges se plongeaient dans les ténèbres pour mieux en sortir, Unda cherche à transmettre de l’énergie, des vibrations positives. Mais Stanza ne gomme pas les doutes, les ruptures et les failles : il les transforme en groove, en pulsations, en hymnes pop. C’est cette tension qui fait battre le cœur de l’album, et qui confirme que le groupe avance, disque après disque, vers une identité toujours plus singulière.
UNDA – ALBUM 10 TITRES – 4 MARS 2015 – ERAGON PRODUCTIONS
Line up : Jérémy Dewinter (chant, guitare), Low (batterie, programmation), Jona (clavier, sound design), Alexandre Devaux (basse)
Enregistrement, mixage, mastering : Mathias Sawicz, SoundFactory
Photos : Antoine Devoldre, David Coppieters
Management : Anne Gauthier
CHANSONS
TRANCE
Quasi instrumental, ce morceau s’impose comme un manifeste : nappes synthétiques, batterie et basse bien réelles, éclats de guitare électrique. Le titre est pensé comme un appel à la fête, mais son énergie hypnotique dit aussi l’ambition de Stanza : faire du corps et du son un langage universel. En devenir, leur hymne d’entrée en scène.
TOMBÉ DE HAUT
Sous ses accents disco-rock et son rythme soutenu, la chanson griffe les faux-semblants. Le narrateur ne se laisse pas tromper par les masques – un texte lucide, qui oppose la brillance du groove à l’amertume des illusions.
MAGMA
Ici, l’électro épouse une ballade façon Giorgio Moroder. C’est l’histoire d’un amour refroidi, d’une passion qui n’a pas su porter le rêve de l’autre. L’absence de guitare renforce l’impression de fragilité, presque désincarnée. Premier titre du groupe à tourner en radio, il condense la capacité de Stanza à mêler l’intime et le dansant.
SOMEONE ELSE
Complément naturel de « Magma », mais plus frontal : la rupture est assumée, sans détour. « Tu trouveras quelqu’un qui te conviendra mieux que moi » – phrase claire, délivrance autant que blessure. Le groove funky évite le pathos : c’est une séparation qui choisit la franchise plutôt que le drame.
LIBRE
Un hymne pop, éclatant, aux allures de manifeste. « Se connaître libre, se reconnaître et s’accepter tel que l’on est » : Stanza transforme l’intime en cri collectif. La musique, punchy, reflète cette joie de l’émancipation.
TOURNER ROND
Retour à l’ombre : beats électro lourds, guitare saturée, climat pesant. Le texte traduit la lassitude face aux relations humaines complexes, « qui ne tournent pas rond ». Ici, le groupe choisit la confrontation sonore pour dire l’usure et la colère.
À T’ENTENDRE
Le groove funky s’allie à une écriture ironique : les éternelles plaintes des autres, leurs complaintes quotidiennes. Le texte invite à l’acceptation et au lâcher-prise, porté par une musique dansante qui souligne l’écart entre la légèreté du rythme et le sérieux du message.
MAGMA (ACOUSTIQUE)
L’album se clôt en dépouillant son morceau phare. Plus de nappes électro, seulement le piano et la voix. Ce retour à l’essentiel dévoile la blessure intime derrière la sophistication des arrangements : une conclusion fragile, poignante, qui fait résonner l’ensemble du disque.
RAGE (DÉMO)
Près de huit minutes d’un spleen instrumental. Le piano ouvre seul, fragile, comme une confession sans mots. Peu à peu, les couches s’accumulent, la tension monte : nappes, rythmes, guitares, tout est simulé par Jona pour donner un aperçu de ce que chaque membre du groupe aurait pu jouer. La pièce se transforme en crescendo dramatique, à la fois intime et orchestral. On y entend autant l’impuissance que la volonté de lutte – un morceau qui, par sa tristesse et sa puissance, aurait presque pu renverser l’équilibre lumineux d’Unda. Finalement écarté de l’album, Rage trouve sa place en bonus sur l’EP de « Trance », comme une ombre portée au cœur de la fête.
C’EST À CROIRE (DÉMO)
Chanson folk et acoustique écrite par Jérémy. Les mots disent la solitude, les gestes manqués, l’incertitude des liens humains. Le refrain, bâti sur la répétition d’« autant », égrène les manques, les vagues, les remords, comme une litanie qui oscille entre désespoir et résistance. Le texte fonctionne presque comme un poème incantatoire : il superpose les images de l’automne, de l’âme vide, de la confiance fragile, pour en tirer une vérité universelle – vivre, c’est avancer sans promesse, au prix de l’ambiguïté. Une chanson qui aurait eu sa place sur Âmes Étranges, mais qui, en marge d’Unda, rappelle combien Jérémy reste attaché à ses racines folk.
HERE COMES THE RAIN AGAIN (DEMO)
Stanza reprend ce classique eighties en l’épousant à sa manière : dépouillé, acoustique, recentré sur les harmonies vocales de Jérémy. Là où l’original brillait par sa tension synthétique, cette version explore la fragilité des voix. Le titre garde sa mélancolie, mais se fait plus intime, presque comme un écho discret aux thèmes d’Unda.